«Depuis le départ, cette conférence est méditerranéenne et nous ciblions un pays du pourtour qui répond à nos critères. D'autre part, si notre choix s'est porté sur le Maroc, c'est aussi parce que la recherche y revêt un intérêt tout particulier, c'est donc avant tout pour une raison scientifique. En effet, la recherche au Maroc bénéficie, depuis plusieurs années déjà, de fonds importants, et une taxe spéciale sur les opérateurs télécoms, servant à financer des travaux de recherche, a même été instituée par le gouvernement marocain».
Organisé par Elra, en partenariat avec d'autres organisations internationales, ce congrès s'affiche comme le rendez-vous incontournable des spécialistes en linguistique.

L'événement qui s'est tenu, six jours durant, depuis mardi dernier, a réuni, cette année, près de 1.200 personnes spécialisées dans le domaine linguistique comme des chercheurs, des professionnels, ou encore des industriels, tous venus des quatre coins du monde, représentant une quarantaine de pays. Lieu d'échange avant tout, cette manifestation multi-culturelle a permis d'aborder entre professionnels du même secteur des sujets pointus touchant aux technologies de demain. En effet, comme le souligne le directeur exécutif d'Elra France, «ce congrès a pour objectif de débattre autour de certains problèmes liés aux technologies des sciences du langage. Que ce soit celles déjà commercialisées ou les produits encore à l'état de prototypes (ordinateurs sans clavier à reconnaissance vocale) afin d'anticiper les améliorations possibles pour les rendre encore plus performants». Présentations orales, expositions, démonstrations, ateliers et tables rondes étaient au programme de cette manifestation. L'objectif est de trouver de nouvelles synergies et favoriser la coopération internationale dans le domaine de la recherche en ingénierie linguistique.
Le congrès était aussi l'occasion de rendre hommage à un spécialiste en linguistique pour ses travaux de recherche grâce au fameux prix «Antonio Zampolli». Cette année, c'est un Anglais, un des précurseurs dans le domaine de la linguistique qui a été récompensé pour toute sa carrière.
Fondée en 1995 au Luxembourg et basée à Paris, Elra œuvre depuis sa création pour le développement du domaine scientifique des ressources linguistiques et de l'évaluation. En effet, l'association cherche à promouvoir les ressources linguistiques exploitées dans le domaine de l'ingénierie et procède donc à une évaluation des techniques de la langue. Ayant comme principal domaine d'activité le traitement automatique du langage, le défi majeur de l'association, déclare Choukri, est d'offrir la possibilité à tous les parlementaires européens et à chacun d'entre nous de pouvoir s'exprimer dans sa propre langue et de bénéficier d'une traduction automatique.
En tête du classement pour la recherche, sans aucune hésitation, Choukri désigne les Etats-Unis, le «number one». L'Europe, elle, est encore loin derrière. Car, elle manque cruellement de moyens, comme l'explique Choukri: «Avec 23 langues à gérer, le budget dédié demeure insignifiant comparé à celui consacré par les Américains à la même thématique. Plus précisément, aux Etats-Unis, c'est l'Agence de recherche de l'armée qui finance l'essentiel des travaux de recherche. Lesquels mettent à contribution de nombreux Européens», indique Choukri. Rien qu'en matière des technologies de langue, le département militaire américain dépense annuellement plus de 50 millions de dollars.