dimanche, 13 septembre 2009 20:15

Fathiya Tahiri et Mahi Binebine séduisent à la 53e Biennale des arts Spécial

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Cette fois-ci Mahi Binebine rejoint Fathiya Tahiri qui marque là sa deuxième participation après une première aux côtés de Fouad Bellamine et Mohamed Bennani Moa. Cette nouvelle représentation aux olympiades des arts, qui se tiennent jusqu'au 19 novembre, on la doit à la notoriété des deux artistes et surtout à leur persévérance. Les deux pinceaux qui ne sont plus à présenter profitent de cette exposition pour rapprocher des milliers de visiteurs de la diversité et de la richesse de l'art contemporain marocain.
Ils montreront leurs travaux aux côtés de plus de 100 exposants venant des quatre coins du monde. Placée sous le thème «Faire le monde», la biennale 2009 accueillerait plus 10 millions de visiteurs au bout des six mois de son existence. Une aubaine pour nos artistes marocains qui vont en profiter pour démontrer leurs talents mais aussi pour faire valoir la beauté de l'art made in Morocco.

Après un itinéraire créatif assez atypique, Fathiya Tahiri, qui a expérimenté plusieurs modes de création, aboutit à un style propre regorgeant de signes. Son art présente une iconographie abstraite et généreuse faite de matières précieuses et ponctuée de reflets et d'éclats surprenants. L'ambition plein la tête, Tahiri a été toujours pionnière dans la quête de nouvelles voies d'expression et de diffusion. En plus de la Biennale de Venise, Fathiya Tahiri a été la première artiste marocaine à prendre part à l'Open-2003, une exposition internationale des arts organisée également à la ville italienne, parallèlement au Mostra. Friande de nouveautés, l'artiste expérimente sans cesse d'autres procédés, d'autres langages artistiques pour dire son talent. De la peinture à la sculpture en passant par la création de bijoux et l'architecture, son premier amour, Tahiri a réussi à se faire une place au soleil au niveau international.

Exposant partout dans le monde, elle présente ses travaux dans les plus prestigieux événements et institutions. Exaltant forme et matière, l'artiste réussit à en révéler cette dimension qui fait d'une œuvre un être vivant évoluant sans cesse. L'identité marocaine est détectable à chaque coup de pinceau et chaque façonnement de la matière. Elle n'hésite pas à voyager dans le temps pour retrouver l'esprit créateur d'antan… celui qui fait qu'on est au plus près de l'œuvre qu'elle soit une peinture, une sculpture, un bijou ou un meuble d'art. Fidèle à ses premières amours, Fathyia Tahiri vit pleinement sa passion pour les arts plastiques sans toutefois trahir son identité d'architecte.

Mahi Binebine n'est plus à présenter. Grand pinceau doublé d'une belle plume, l'artiste investit l'expression avec ses moyens les plus séducteurs. Reconnu à l'échelle internationale, le travail de Binebine fascine par sa force émotionnelle, l'éclat de ses couleurs et la particularité de "sa faune". Personnages asexués ligotés pris au piège dans une condition pour le moins inconfortable… ce sont les êtres qui habitent ses tableaux aux couleurs éclatantes certes mais minimalistes enfin de compte. Leur tourmente n'a d'égale que leur désarroi devant l'atrocité de la vie et des autres. C'est un univers à part où évolue tout ce beau monde. Si l'espace est apparemment vide, la présence est par contre lourde, pesante parfois incommodante car accusatrice. Les mises en scène «tordues» de Binebine confortent dans ce sentiment d'assister à une torture qui se fait tout de même avec beaucoup de philosophie. L'éclat des couleurs vient après pour apaiser les inquiétudes et provoquer la joie… la joie de pouvoir vivre malgré tout. L'expérience atroce de son frère Aziz Binebine à Tazmamert y est pour quelque chose dans la construction de cet univers bien particulier.

Avec une trentaine de tableaux et de sculptures exposés jusqu'au 19 novembre à l'église Santa Maria Della Pieta à Venise Fathyia Tahiri, la fidèle abonnée, et Mahi Binebine donnent une idée sur la créativité marocaine. Leur art serait une autre façon de dire toute la richesse de la culture marocaine.

Le Matin
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