Les organisations criminelles sont obligées de blanchir l’argent sale
parce qu’elles ne peuvent pas disposer, en l’état, des masses de
capitaux réunis. Ainsi, le blanchiment n’est pas une branche de
l’activité des organisations criminelles. Il est la condition sine qua
non de leur pérennité.
Le blanchiment est conçu sur le modèle d’une véritable industrie à
l’échelle planétaire. Il utilise des passeurs, des hommes de main, des
centaines d’avocats d’affaires, des hommes politiques, c’est-à-dire un
ensemble de compétences qui intervient d’un bout à l’autre de la chaîne
de recyclage avec pour seul objectif que cet argent sente bon
l’honorabilité
Le chiffre d’affaires annuel de l’économie criminelle nourrie par les
trafics illicites tels que celui de stupéfiants, d’êtres humains,
d’animaux, d’armes, de produits pharmaceutiques frelatés, de la
contrefaçon, d’alcool, de tabac, etc, dépasse 1000 milliards de
dollars. La caisse noire s’enrichit chaque année d’au moins 100
milliards de dollars dans un contexte de mondialisation où les
économies nationales sont prises dans une dynamique de globalisation de
l’information, du commerce et de la finance, et où l’entrecroisement
des flux transnationaux et de centres de décision conduisent à un
marché unique des flux de marchandises et de capitaux.
Bien sûr, plusieurs facteurs ont facilité le blanchiment. Nous citons :
le secret bancaire érigé en règle sacro-sainte auquel s’ajoute
l’existence des paradis fiscaux ; la faiblesse de contrôle sur les
établissements financiers ; l’absence de lois dissuasives en la matière
; la faiblesse de la coopération internationale ; la disponibilité des
moyens de communication et des informations sophistiquées.