Après deux mois de débats, le procès Khalifa s'est terminé sur un goût d'inachevé et un profond sentiment d'injustice, écrit vendredi le journal français "Libération".
"En frappant sévèrement Khalifa et ses collaborateurs, sans aller au bout de toutes les culpabilités, les metteurs en scène de l'ombre voudraient préserver le régime, dont les barons ont été éclaboussés au plus haut niveau", souligne le quotidien pour qui ces derniers "ont largement mérité leur ticket d'entrer dans le box des accusés".
Qualifiant le verdict de "politique et d'inéquitable", le journal
indique que les principaux pourvoyeurs du trésor Khalifa, les
directeurs des caisses sociales et d'offices HLM, condamnés à des
peines allant de 3 à 4 ans de prison ferme, ont révélé qu'ils avaient
agi sur instructions de leurs ministres de tutelle, cités eux, comme
simples témoins.
Et de souligner que la présidente du tribunal de Blida, connue pour "sa
liberté de ton et sa maîtrise exceptionnelle du dossier essuie
maintenant les plâtres d'une justice sous influence".
"Avocats et proches des condamnés en colère, lui reprochaient d'avoir
cédé à des pressions extrajudiciaires, pour rendre un verdict politique
et inéquitable", conclut le journal.
De son côté, le quotidien +La Croix+, citant des observateurs, estime
qu'un tri aurait été opéré lors de la liquidation du groupe Khalifa
pour protéger certains hauts cadres de l'armée et responsables de
l'Etat, faisant remarquer que ce procès n'a pas permis de faire toute
la lumière sur cette affaire de corruption.
"A l'issue de ce procès, de grandes interrogations demeurent, alors que
pas moins de 12.000 questions ont été soumises aux membres du
tribunal", précise le quotidien, citant la presse algérienne qui
s'étonne que le jeune pharmacien (Rafik Khalifa) ait pu accéder aux
cercles les plus restreints de l'Etat, financer des manifestations
culturelles et politiques officielles au profit du régime et à la fin
s'envoler pour l'Angleterre.
Son confrère +L'Humanité+ s'interroge comment Rafik Khalifa, petit
patron d'un laboratoire pharmaceutique, s'est retrouvé en moins de cinq
ans à la tête d'un empire financier sans le soutien de l'Etat.
Et de souligner que les entreprises et les institutions publiques,
comme la caisse des retraites qui avaient déposé leurs fonds dans la
banque Khalifa, n'ont pu le faire sans l'aval de leur hiérarchie, à
savoir l'Etat.
"A l'évidence, tout paraît avoir été fait pour éviter que soient
dévoilées les puissantes complicités dont a bénéficié Rafik Khalifa au
sein de l'appareil de l'Etat pour constituer son empire financier",
note le quotidien, pour qui seuls les "seconds couteaux" ont payé,
alors que les parrains au sein et en dehors de l'Etat algérien de
l'ex-golden boy n'ont à aucun moment été inquiétés.