La situation actuelle handicape le développement de toute la région,
dont les peuples souffrent, y compris en Algérie où les milliards
d’excédents ne peuvent cacher les déficiences. A cela l’Algérie répond
par une série d’outrances. Le Maroc obtient un statut avancé avec
l’Union européenne, Alger dénonce «un accord avec les deux pays
occupants de la région, le Maroc et Israël»! Deux étudiants sahraouis
se font écraser par un car, et le représentant d’Alger à l’ONU dénonce
«un véritable crime d’Etat»! Les mêmes autorités algériennes dénoncent
partout le Maroc en tant qu’Etat occupant «qui procède à un pillage
systématique des ressources du Sahara occidental»! Et c’est encore
toute honte bue que l’Algérie parle de «violations quotidiennes,
massives, des droits d e l’homme contre le peuple sahraoui résistant».
Nous sommes face à un véritable délire.
Un véritable atavisme
Les officiels marocains comprennent que ce tapage a d’abord pour but de
sortir Alger du piège de la proposition d’autonomie. Il est clair que
la majorité des Etats est convaincue que la thèse séparatiste n’est pas
réaliste.
Cette conviction est traduite par la résolution 18-13 qui réclame des
propositions en vue d’une solution «réaliste et de compromis». En
elle-même ,cette phrase élimine la création d’un Etat sahraoui, parce
qu’il n’y aurait plus de compromis. La campagne algérienne vise à créer
de nouveaux fronts, pour diluer la pression diplomatique qui s’exerce
sur elle à la veille de la prise de fonction du nouveau représentant du
secrétaire général de l’ONU. L’on sait que le mandat de celui-ci est
encadré par la résolution 18-13.
Mais pourquoi est-ce que l’Algérie s’entête-t-elle? Alger ne vise qu’à
perpétuer la tension, sachant pertinemment, que la but avoué, la
république sahraouie n’a aucune chance d’aboutir et qu’il n’est même
pas dans ses intérêts sécuritaires. L’élite algérienne a un véritable
problème avec le Maroc. Elle nous reproche ce qu’elle appelle ‘’le
narcissisme historique’’, c'est-à-dire le fait d’être le plus vieux
Etat-nation de la région et de se comporter comme tel. Elle a éduqué
des générations avec l’idée qu’un Maroc fort est nécessairement un
danger pour l’Algérie, parce que ‘’l’expansionnisme est dans les gènes
de l’empire chérifien’’. C’est cet atavisme qui explique que l’ensemble
de la presse algérienne adhère sans réserve au discours officiel.
Contre ce délire maniaco-dépressif, le Maroc ne peut rien. Sauf s’en
rendre compte et le prendre en considération. C'est-à-dire se préparer
à un voisinage hostile pendant longtemps encore. Parce qu’aucune
politique ne peut remplacer le divan de la psychanalyse.
Plus sur lobservateur.ma