Au coeur du débat, une problématique cruciale qui concerne
essentiellement les personnes aveugles et gravement déficientes
visuelles, car l'apport des technologies numériques peut être capital
pour les personnes aux besoins spécifiques. Au même titre que les
personnes « normales», elles ont le droit de profiter des services
qu'offre la toile numérique.
Lesquels services pourraient améliorer leur vie et leur ouvrir de nouvelles perspectives.
«Lors de ce séminaire, nous allons expliquer ce que c'est
l'accessibilité à des sites Internet pour les personnes non-voyantes»,
déclare Rachid Rifai, président de l'AMARDEV. «Cette question n'est pas
spécifique au Maroc. Elle sévit dans tous les pays du monde, mais, bien
entendu, à des échelles variées.
Dans les pays développés, cette problématique est traitée depuis une
quinzaine d'années dans le cadre du W3C, et ce à travers une norme
internationale appelée W.A.I. (web accessibility initiative) »,
ajoute-t-il. En effet, cette norme est échafaudée sur 93 règles à
respecter pour rendre les sites accessibles à 100% aux aveugles.
Le web peut, en revanche, être à la portée de ces personnes même en
n'appliquant que 55% de ces règles, comme le précise R. Rifai. Tous ces
détails, et bien d'autres, seront passés au peigne fin, durant la
journée d'information et de sensibilisation prévue le vendredi
prochain. Les participants saisiront cette occasion pour démystifier
les notions qui entourent le concept d'accessibilité à une assistance
variée. Les organisateurs s'adresseront à des web masters, à des ONG, à
des organismes publics et à des universitaires, véritables partenaires
académiques. Un public de non-voyants est également attendu durant cet
évènement. Les initiateurs de cet évènement misent surtout sur une
présence massive de la presse nationale pour que cette problématique
soit médiatisée à une plus grande échelle.
Il faut savoir qu'au Maroc, sans être complètement marginalisés, les
non-voyants sont loin de bénéficier, comme il se doit, des chances que
peut leur offrir le web. Et pour cause. Le matériel adapté fait défaut
et les logiciels appropriés «revues d'écran» sont peu ou pas
disponibles.
«Ces outils coûtent très cher. C'est pour cela qu'ils ne sont pas
répandus au Maroc. Actuellement, les non-voyants, de notre pays,
utilisent l'Internet en logiciel de démonstration. Cela ne veut pas
dire qu'ils sont en marge des technologies de l'information. Mais
disons, qu'ils font le maximum avec les moyens du bord», précise le
président de l'AMARDEV.
Ce matériel spécifique existe dans toutes les langues, 13 en tout. Pour
ce qui est de l'Arabe, il existe un logiciel qui s'appelle «Ibsar»,
très utilisé au Moyen-Orient. Le Maroc dispose de quelques versions de
ce logiciel mais en nombre réduit à cause de son coût élevé, 3.000
dollars. Ce qui est loin de simplifier les choses aux non-voyants. Il
faut également dire que la non application des textes de loi sur les
accessibilités n'est pas pour leur faciliter la vie. La loi qui a été
votée à l'unanimité il y a 5 ou 6 ans reste lettre morte en l'absence
d'un décret d'application. Il est temps de bouger les choses.
Le Matin