jeudi, 22 mai 2008 08:00

Maroc-Festimode 2008 : Coup de projecteurs sur la mode marocaine

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De belles collections, des créateurs talentueux, un lieu magique, une organisation soignée: la troisième édition du Festimode, qui s'est déroulée du 14 au 17 mai, a été une réussite. Le défilé du samedi 17 mai, qui a clôturé la manifestation, a attiré environ 500 personnes, selon les organisateurs. Au cours de cette soirée, cinq créateurs marocains ont présenté leurs collections: Noureddine Amir, Amina Agueznay, Salima Abdel Wahab, Amel Bouazizi et Saïd Mahrouf.

Noureddine Amir, avec ses créations originales, inspirées par la nature, a particulièrement plu. Il a d'ailleurs été ovationné par le public. Les autres créateurs ont présenté des modèles classiques, élégants, avec des couleurs douces.
En milieu de soirée, une surprise attendait le public: une chanteuse d'opéra marocaine, Myriam Sif, portant une tenue créée par Amina Agueznay, a chanté et séduit l'assistance. Parmi le public présent, citons l'ambassadeur de Hollande, les consuls de France, de Belgique et de Hollande. L'Amith (Association marocaine de l'industrie textile) était représentée par Karim Tazi. Etaient présentes également la directrice de la Cité euro-méditerranéenne de la mode et la conservatrice du Musée de la mode de Marseille. Des personnalités du monde du cinéma et de l'art étaient au rendez-vous (la réalisatrice Narjis Nejjar et l'artiste peintre Farid Belkahia, entre autres).
Ce qui a également contribué à la réussite de la manifestation, c'est la présence de mannequins professionnels, en majorité espagnols. Et bien sûr, le lieu mythique qu'est l'Eglise du Sacré-Cœur a permis aux mannequins d'évoluer en toute aisance. L'année dernière, c'était au restaurant la Sqala que le défilé s'était tenu et il avait fallu se serrer les coudes, par manque de place.
Le défilé du vendredi 16 mai a également attiré beaucoup de monde, sachant que les personnes intéressées pouvaient venir sans invitation. Il s'agissait d'un défilé que les organisateurs ont appelé «Emergence». Cinq jeunes talents ont présenté leurs collections: Fatima Zahra Ait Tahiri, Mahmoud Benslimane, Zineb Chakir et le duo Khatima Gouilmi et Wafaa Mahraoui-Tziri. Le jury a finalement sélectionné Zineb Chakir pour bénéficier d'un stage de trois mois dans les ateliers parisiens de haute couture de Dominique Sirop. Ce dernier a fait le déplacement à Casablanca pour assister à la manifestation.
A noter que la presse marocaine a massivement couvert la manifestation, qui prend de plus en plus d'ampleur. La presse espagnole s'est également mobilisée pour couvrir la manifestation. Le responsable du département culture de la chaîne espagnole TVE s'est déplacé, des correspondants de TV Andaloucia et d'ABC étaient au rendez-vous. «Ce qui nous fait le plus plaisir, c'est que les créateurs nous ont fait confiance depuis le début», indique Jamal Abdennasser, coorganisateur de la manifestation. L'Institut français est également engagé avec Festimode depuis le démarrage.
Cette année, il a abrité dans ses locaux un débat, le 15 mai, sur la mode et la création. Un débat animé par Guillaume Erner, sociologue français, Karim Tazi, patron de Marwa à Casablanca, et Amine Bendriouch, jeune styliste marocain. Passionné de mode, Karim Tazi a assuré avoir voulu créer une mode universelle mais avec une identité marocaine. «Cela a été très difficile de créer une griffe 100% locale. Les Marocains ont plutôt tendance à choisir systématiquement les marques étrangères. Dans ce contexte, le prêt-à-porter a du mal à émerger en tant que label marocain».
Amine Bendriouch, lui, a brossé un tableau noir. «Il y a aujourd'hui une absence d'écoles de stylisme au Maroc, un manque de soutien de la part des industriels et trop peu d'investissements en recherche et développement. De plus, les entreprises préfèrent importer de l'étranger les stylistes plutôt que de faire confiance aux Marocains».
Et pour finir avec une note optimiste, Karim Tazi a rappelé la création d'une école de mode, qui va démarrer en septembre 2009, en partenariat avec l'Institut français de la mode. Financée par l'Union européenne, cette école aura pour ambition de former les meilleurs créateurs. Quant à Guillaume Erner, il a fait remarquer que dans un contexte de mondialisation, il est très difficile de préserver les spécificités locales. En tout cas, on ne peut qu'espérer que ces niches vont subsister. Et des événements comme Festimode peuvent contribuer justement à les faire connaître, survivre et se développer.
A noter aussi que durant tout le festival, une exposition intitulée «Excès de mode» s'est tenue à la galerie Alif Ba à Casablanca. Elle a réuni les travaux d'artistes contemporains, de photographes et de créateurs de renom: le Marocain de Lille Mohamed El Baz, les Françaises Butz et Fouque, l'Iranien Ghassem Ebrahimian et l'Autrichien Michael Baumgarten. Amina Agueznay et Noureddine Amir y ont également participé, sous la vigilance de Jamal Boushaba, journaliste et critique d'art, qui a été désigné commissaire de l'exposition.
Le budget de la manifestation est d'environ 1,2 million de DH, selon les organisateurs.

leconomiste
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