mardi, 20 mars 2007 07:36

"la colline de papier", récit du journaliste et traducteur ali tizilkad

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Le journaliste et traducteur Ali Tizilkad vient de publier, aux Tizi Editions-Rabat, un récit romanesque sous le titre "La Colline de Papier", un mélange d'autobiographie et de fiction, sur fonds de vie semi-nomade dans la région des Hauts Plateaux du Maroc Oriental et de la "Cuvette noire" du bassin minier de Jérada.

Le narrateur du récit (256 pages) est "un enfant devenu adulte" qui revient sur une partie de sa vie, en gros entre l'âge de 3 et de 11 ans, pour tenter de "comprendre ce qui a été déterminant dans la construction de sa personnalité".

Le lecteur est pris à témoin pour déduire, à travers les récits et les faits qui ont nourri l'enfance du narrateur telles qu'ils tissent la trame du livre, ce qui constitue "la mythologie personnelle" du conteur, à partir de laquelle il investit l'univers de la littérature, qui est par essence une fiction.

La frontière entre le récit de mémoire et l'imagination est très délicate à déterminer dans ce récit qui se caractérise par sa polyphonie et par une forte et intime relation que les personnages entretiennent avec les éléments naturels, les territoires, les êtres et les choses les plus banales dans leur environnement souvent austère.

Mais au-delà du destin personnel du narrateur, le livre restitue quelques pans de l'histoire sociale d'une communauté semi-nomade ballottée entre les années de famine de la première moitié du vingtième siècle dans une région semi-aride de l'Oriental, l'aventure minière dans le bassin houiller de Jérada, et des mutations dans leur mode de vie, leur vécu et l'évolution de leurs rapports à leur environnement naturel et social.

Avec le recul, ces modes de vie semi-nomades, autant que la vie en milieu ouvrier, après la fermeture de la mine de Jérada, ont disparu à jamais. Les seules traces qui en restent sont celles qui survivent dans la mémoire des gens qui les ont vécues. C'est peut-être là l'un des mérites du récit, qui se veut une forme de résistance à l'oubli et une tentative de projeter la lumière sur la mémoire en tant que source universelle et humaine d'inspiration et de créativité.

Concernant la langue choisie par l'auteur pour écrire son récit, le français en l'occurrence, l'auteur, qui est par ailleurs traducteur, essentiellement du français vers l'arabe et vice versa, justifie cette option par "un besoin de reconnaissance" envers ce que la langue et la culture françaises lui ont apporté dans la vie.

Mais, l'auteur affirme qu'il est en train de finaliser la version arabe de son roman "pour des raisons identitaires évidentes", ajoutant avec regret qu'en fait, sa langue maternelle est l'amazigh qu'il ne maîtrise plus. "Il faut aussi laisser les traducteurs faire leur travail", ajoute-t-il.

Ali Tizilkad a mené une carrière polyvalente d'enseignant, de journaliste et de traducteur. Il a notamment signé des traductions du français vers l'arabe de livres de Jean Genet "Un Captif Amoureux", "Dans l'atelier de Giacometti", d'Edmond Amran El Maleh "Aïlan ou la nuit du récit", d'Abdellatif Laabi "Le Chemin des ordalies", "Chronique de la citadelle d'exil", "La brûlure des interrogations", ainsi que "Juifs du Maroc" (Actes du Colloque international tenue sous le thème "Identité et Dialogues".

Dans le sens inverse, (de l'arabe vers le français), il a traduit de nombreux textes littéraires d'auteurs marocains et arabes, des traductions qui ont été publiées dans les années 80 et 90 dans des médias marocains et étrangers.

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