et le Maroc, signale Amor Tahari, qui continuent à avoir un taux de
croissance positif, peuvent cueillir les fruits de leur politique
prudente en matière de gestion des finances publiques, ce qui leur
donne une certaine marge de manœuvre pour relancer, comme prévu, leurs
économies à partir de 2010.
L'impact direct de la crise sur le Maghreb et le Moyen-Orient est
restreint dans la plupart des pays, leurs liens avec le système
financier mondial étant limités, sauf dans le cas des EAU. Quant aux
effets indirects et à l'ampleur du ralentissement dans la région, ils
dépendront en partie de l'intensité/durée de la récession de l'économie
mondiale, et notamment de celle en Europe. Aussi, l'on assiste à une
vague de ripostes budgétaires et autres politiques économiques des pays
concernés, y compris ceux producteurs de pétrole. Les mécanismes de la
contagion sont ceux de l'économie réelle. Le ralentissement de la
croissance pourrait mettre en évidence des vulnérabilités dans les
systèmes bancaires qui elles-mêmes pourraient se répercuter sur la
croissance, comme dans les pays avancés. La région MENA devrait
connaître un ralentissement de la croissance de 5,7% en 2008 à 2,6% en
2009, soit presque 3 points de moins que celui projeté au printemps
2008. Une reprise graduelle est prévue pour 2010.
Le ralentissement de la croissance dans les pays non producteurs de
pétrole résulte d'une baisse des exportations, des recettes du
tourisme, des envois de fonds et de l'IDE. Dans le cas des pays
exportateurs de pétrole, il résulte notamment de la contraction des
exportations de pétrole et de gaz naturel.
L'inflation a grimpé jusqu'à 2008 dans la plupart des pays du MENA,
notamment chez les exportateurs de pétrole, mais elle est désormais en
repli dans tous les pays. L'inflation reste la plus faible au Maghreb.
L'escalade des cours du brut jusqu'à une période récente tenait à la
forte demande des pays émergents et à la lente réaction de l'offre. En
raison du ralentissement de la croissance mondiale, les prix sont
désormais en net repli. L'excédent du solde des transactions courantes
des pays exportateurs de pétrole devrait diminuer sensiblement en
raison de la baisse des cours du pétrole. Pour les pays non pétroliers,
les déficits devraient se stabiliser suite aux baisses à la fois des
exportations et des importations. Pour les pays pétroliers, les
excédents budgétaires devraient disparaître.
Pour ceux émergents, les déficits ne pourraient qu'augmenter
légèrement, vu l'espace budgétaire limité. M. Tahari considère que le
"principal défi" pour les pays de la région demeure le problème du
chômage. Il estime à 500.000 le nombre de postes d'emploi à créer pour
maintenir le taux de chômage à son niveau actuel.
Le chômage risque de s'intensifier et il faudra accélérer la création
d'emplois. Dans plusieurs pays, les marchés boursiers ont chuté de plus
d'un tiers. Cette chute est moins prononcée au Maghreb. Enfin, du fait
de la crise, les écarts des taux souverains se sont creusés, mais
restent moins élevés au Maghreb.