Le même jour, le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen
annonçait le retrait d'ici le mois d'août de ses 460 soldats, qui
servent sous commandement britannique dans la ville de Bassorah. La
décision a été prise en liaison avec le gouvernement irakien et les
Britanniques, a-t-il précisé. Et la Lituanie envisage "sérieusement" de
retirer ses 53 soldats.
En Bulgarie en revanche, le Parlement a prorogé jusqu'au 31 mars le
mandat de son contingent en Irak. Les 120 militaires et 35 personnes
chargées du soutien logistique sont affectés à la garde du camp de
réfugiés d'Ashraf, situé à 70km au nord de Bagdad.
"La coalition demeure intacte", a pourtant assuré la secrétaire d'Etat
américaine Condoleezza Rice, en déplacement à Berlin. Elle a justifié
la décision de Londres, totalement conforme, selon elle, à la stratégie
américaine. "Les Britanniques ont fait ce qui est réellement le plan
pour le pays dans sa globalité, c'est-à-dire transférer la
responsabilité de la sécurité aux Irakiens quand la situation le
permet."
D'après le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain
Gordon Johndroe, George W. Bush a discuté des projets britanniques avec
le Premier ministre Tony Blair mardi matin par liaison vidéo sécurisée.
Le président des Etats-Unis considère que la réduction du contingent
britannique est "un signe de succès" en Irak, a-t-il expliqué. Le
vice-président Dick Cheney a également jugé que l'annonce de Tony Blair
voulait dire qu'"il y a des endroits en Irak où les choses vont plutôt
bien".
Très critiqué chez lui pour avoir suivi les Etats-Unis dans la guerre
en Irak, Tony Blair, qui doit quitter le pouvoir d'ici septembre, a
précisé mercredi dans la Chambre des communes que les troupes
britanniques resteraient en Irak au moins jusqu'en 2008.
Mais "dans les prochains mois", les troupes britanniques passeront
ainsi "de 7.100 actuellement -contre déjà plus de 9.000 il y a deux ans
et 40.000 au moment du conflit- à environ 5.500", a annoncé le chef du
gouvernement. Si les forces irakiennes sont en mesure d'assurer la
sécurité dans le sud du pays, le contingent britannique pourrait être
encore réduit d'ici la fin de l'été, "possiblement en dessous des
5.000", selon Tony Blair, lorsque la base installée au palais de
Bassorah passera sous contrôle irakien.
"Cela ne veut pas dire que Bassorah soit comme nous voulons qu'elle
soit. Mais cela veut dire que le prochain chapitre de l'histoire de
Bassorah peut être écrit par les Irakiens", a-t-il expliqué, précisant
que le plan avait été accepté par le Premier ministre irakien Nouri
al-Maliki.
Tony Blair a souligné que "la situation à Bassorah est très différente"
de celle de la région de Bagdad, où vont se concentrer les renforts de
21.000 hommes envoyés par Washington. A Bassorah, "il n'y a pas
d'insurrection sunnite, pas de base d'Al-Qaïda, peu de violences entre
sunnites et chiites", a observé le patron du 10, Downing Street. "Si
Bagdad ne peut être sécurisée, l'avenir du pays est en péril. Les
ennemis de l'Irak ont compris cela. Nous l'avons compris."
Le 24 janvier, Tony Blair avait exclu un retrait d'ici octobre réclamé
par l'opposition, jugeant que ce serait "profondément irresponsable".
Le chef du parti libéral démocrate britannique Menzies Campbell s'est
fait fort de rappeler mercredi la promesse faite à l'époque de faire de
l'Irak "un phare de la démocratie" dans la région. "La dure vérité",
a-t-il commenté, "c'est que nous allons laisser derrière nous un pays
au bord de la guerre civile, où la reconstruction s'est arrêtée, où la
corruption est endémique, et une région qui est bien moins stable
qu'elle ne l'était en 2003."