Quelques heures plus tard, la chaîne de télévision nationale irakienne
et la chaîne arabe Al Arabiya ont diffusé des images qui montrent
l'ancien raïs être conduit au gibet et une corde être placée autour de
son cou par deux hommes au visage recouvert par une cagoule. Les deux
chaînes n'ont cependant pas montré les images de la pendaison, ni
celles de la dépouille de l'ancien raïs.
Condamné à mort. Renversé en avril 2003 et capturé en décembre 2003,
l’ancien président irakien avait été condamné à mort, le 5 novembre
2006 par le haut tribunal pénal irakien, pour crimes contre l'humanité
pour le meurtre de 148 Chiites du village de Doujdaïl où il avait
échappé à une tentative d'assassinat en 1982. Sa condamnation avait été
confirmée mardi dernier en appel. Jusqu'au dernier moment, le
gouvernement irakien avait gardé le secret sur les détails de son
exécution, qui intervient le jour où débute l'Aïd el Adha, la grande
fête musulmane du sacrifice. Cette condamnation avait été qualifiée de
triomphe pour la démocratie par le président américain George Bush. Des
associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty
International et Human Rights Watch, avaient en revanche dénoncé les
conditions jugées inéquitables du procès. Dans une lettre écrite après
sa condamnation, l'ex-raïs se disait prêt à se sacrifier pour l'Irak.
"Je m'offre en sacrifice. Si Dieu le tout-puissant le désire, elle (mon
âme) ira là où il me l'ordonnera, avec les martyrs", affirmait l'ancien
président irakien dans cette lettre manuscrite obtenue auprès de ses
avocats, en Jordanie.
Réactions contrastées. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki
s'est félicité samedi de l'"exécution du criminel Saddam", tout en
lançant un appel à la réconciliation, à l'intention des partisans de
l'ancien régime dont "les mains ne sont pas tâchées de sang". L'Iran a
également salué l'exécution de l'ex-président d'Irak comme une
"victoire des Irakiens", selon Hamid Reza Assefi, vice-ministre iranien
des Affaires étrangères. Pour Israël, "justice a été faite", a déclaré
un haut responsable israélien à l'AFP. Le président américain George
Bush a pour sa part estimé que l'exécution de Saddam Hussein
constituait une "étape importante" sur la voie de la démocratisation de
l'Irak. "Faire rendre justice à Saddam Hussein ne mettra pas un terme à
la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur le chemin de
la démocratie en Irak, une démocratie qui pourra se gouverner, se
soutenir et se défendre par elle-même", a-t-il écrit dans un
communiqué. Fervente alliée de la politique en Irak du président
américain George Bush, l'Australie a indiqué qu'elle "respectait" la
décision des autorités irakiennes, au terme d'un procès qualifié
d'"équitable". A l’inverse, le ministère russe des Affaires étrangères
a exprimé ses regrets après l'exécution de l'ancien président irakien,
alors que des appels internationaux à la clémence avaient été lancés, a
rapporté l'agence Interfax. Le ministère français des Affaires
étrangères a "pris acte" de cette exécution et a appelé les Irakiens à
"regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à
l'unité nationale". L'ancien président irakien "a payé", a estimé la
Grande-Bretagne, tout en réaffirmant son opposition de principe à la
peine de mort. Une exécution en revanche fermement condamnée par le
Hamas. L'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein est un
"assassinat politique" et "viole toutes les lois internationales", a
ainsi affirmé à l'AFP le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi
Barhoum. La Lybie a quant à elle décidé de décréter trois jours de
deuil national pour le "prisonnier de guerre Saddam Hussein", a annoncé
l'agence officielle Jana.
Regain de violence en Irak. La pendaison de Saddam Hussein pourrait
faire redoubler de colère une minorité sunnite déjà très remontée et
décevoir de nombreux Kurdes, qui souhaitaient le voir jugé pour
génocide contre leur communauté. Quelques heures après l'exécution de
l'ancien président irakien, au moins 31 personnes, dont une majorité de
femmes et d'enfants, ont été tuées dans l'explosion d'une voiture
piégée au milieu d'un marché de la ville chiite de Koufa, dans le sud
de l'Irak.