Natif de Marrakech, Hadimi explore avec un regard riche d'expressivité et de sensibilité une osmose particulière de la lumière, des couleurs et des formes dans des objets ordinaires, quotidiens. Il a l'art de sortir les objets ordinaires de leur normalité et de leur banale réalité ethnographique pour en faire des oeuvres qui chatouillent les synapses artistiques.
Ce jeune artiste ne photographie pas l'instant, l'objet, ni encore le cadre.
Il cherche à saisir l'intemporel qui regorge d'humanité et de spiritualité et à domestiquer le métissage incertain de l'ici et de l'ailleurs, du passé et du futur, de l'identité et de l'altérité, du figuratif et de l'abstrait, de la peinture et de la photographie, de la nature et de la culture.
Mais la véritable singularité des photographies de Hadimi, qui sont exposées à Dar Souiri, va au-delà de la captation des lumières et des formes.
En effet, les régularités formelles et chromatiques trahissent parfois un désir de liberté et d'irrégularité, un sursaut de non conformisme qui puise sa force dans les profondeurs abyssales de la sensibilité gnaouie.
Les photos, les couleurs et les cadres semblent gicler des transes multicolores des lillas (nuits de transe). Les couleurs et les formes semblent danser et se nourrir au rythme de la musique gnaouie qui va crescendo jusqu'à l'extase et la joie ultimes : la fusion de l'être et du non-être, la fusion des couleurs, l'osmose des sensibilités.
Hadimi Moulay Youssef, qui compte à son actif plusieurs expositions et reportages, notamment sur l'artisanat, a su voler les fragments et les bribes de transes chromatiques à une ville mystérieuse et secrète qui se nourrit du regard des autres et qui alimente les imaginaires de voix et de lumières si profondes.
MAP