lundi, 23 janvier 2012 02:20

Les priorités de Abdelilah Benkirane

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 Jeudi 19 janvier, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement désigné, a dévoilé les lignes maîtresses du programme gouvernemental. Dans la déclaration, A. Benkirane mentionne clairement quelles sont ses priorités et offre également une réponse politique aux questions sociales du moment. Il s'agit de trouver l'énergie nécessaire pour redresser l'économie et l'emploi. C'est ce que les citoyens attendent de tous les responsables à chaque niveau de pouvoir. D'autant plus qu'avec la nouvelle Constitution, l'architecture du pays va connaître un changement. Ses bases, à la fois institutionnelles et socio-économiques, sont appelées à se réformer, ce qui signifie que le travail du gouvernement sera plus que jamais soutenu. S'il n'est pas assez détaillé comme le sous-entend la nouvelle opposition, il n'en demeure pas moins que A. Benkirane, lors de son passage devant les deux Chambres, a visé d'abord à rétablir la confiance. Une confiance des citoyens, mais aussi une confiance entre les citoyens et leurs responsables politiques.

De la déclaration gouvernementale, l'on saisit que le gouvernement va s'employer à protéger au mieux le pouvoir d'achat. L'exercice sera difficile sachant que dans le cadre de la loi de Finances 2012, les dépenses de soutien des produits de base devront être confinées à 3 % (équivalent à 24 milliards de dirhams et 52 milliards pour la caisse de compensation en 2011). Dans cette optique, il est donc attendu que le gouvernement prenne des mesures concrètes, voire ambitieuses, pour renforcer la concurrence dans certains secteurs et les obliger à maîtriser leurs prix. En parallèle sera mené le combat pour l'emploi et la répartition des richesses. Celui-ci ne pourra être gagné si la spéculation, la mauvaise gestion et les rentes demeurent. En effet, si des personnes gagnent péniblement le minimum par mois en travaillant dur, d'autres parviennent à accumuler des fortunes par de simples transactions d'achat /vente de terrains ou des paquets d'actions à la bourse. Une réglementation plus appropriée du marché financier devrait être aussi une des priorités du gouvernement. Aujourd'hui, le Maroc se veut être un modèle au cœur de l'Afrique et du monde arabe. Celui qui combine le meilleur de la justice sociale et le meilleur de l'esprit de l'entreprise. Il a les hommes et peut trouver facilement les moyens. Par ailleurs, la déclaration gouvernementale sous-tend cet objectif et non des moindres : développer au Royaume une économie saine et performante. Une économie du développement durable fondée sur la création de richesses, sur l'investissement productif, sur la création d'emplois. Pour ce faire, il faudrait s'élever et rester au-dessus des divergences politiciennes et se serrer les coudes.

Toutes les différences sont conciliables. Autrement dit, le Maroc franchit une étape historique, il vit une période de mutation, celle qui impose des responsabilités plus grandes aux gouvernants. De la bonne gouvernance donnera au pays une nouvelle dimension et imposera de nouvelles responsabilités tant sur l'échelle arabo-africaine qu'internationale. Il est aussi nécessaire de définir la perspective politique concernant les pays voisins afin de les encourager à insuffler une autre dynamique aux processus existants et partant développer le partenariat ouvert appelé à évoluer. Ce que l'on pourra appeler aisément une politique de proximité, fondée sur des avantages et des obligations mutuels. Ce qui, sans conteste, constituera une contribution importante du pays à la gouvernance mondiale. Plus exactement, il s'agira d'élaborer une approche régionale nouvelle et complète qui contribuera à maintenir, à promouvoir et à renforcer la stabilité et la sécurité à travers le continent africain, en favorisant en fin de compte une meilleure gouvernance mondiale. En tout état de cause, certains ont reproché que la déclaration gouvernementale n'était pas étayée de chiffres. En cette conjoncture internationale, quel est cet expert qui se hasarderait à donner des affirmations dans une conjoncture où le prix du brut dépasse les 114 dollars.

Ce qu'il faut retenir c'est que la déclaration gouvernementale avait trait à la consolidation de l'Etat de droit et des institutions et non à des lois. Elle reflète les changements imposés tant par la nouvelle Constitution que par l'actualité. Le pouvoir politique est aujourd'hui avant tout soucieux de paraître proche des citoyens. Car si le mot proximité a sans cesse été utilisé, il n'en a pas toujours été ainsi. Aujourd'hui, la proximité s'est imposée comme une catégorie d'évidence après avoir donné lieu à une véritable prolifération d'usages. Ce nouveau totem est devenu, après celui de la bonne gouvernance, un incontournable dans le lexique et le répertoire politique. Et tout laisse croire que le nouveau gouvernement cherche à le concrétiser et à le rendre efficient aujourd'hui. Enfin, le thème de politique de proximité doit être accompagné d'un discours sur la transparence de l'action politique.


Lu 42399 fois Dernière modification le lundi, 23 janvier 2012 02:21

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