Selon l'Association Marocaine de l'Industrie Pharmaceutique (AMIP), les
performances de ce secteur et son niveau d'expertise sont désormais
reconnus par l'Organisation Mondiale de la Santé, qui le classe à
égalité avec son homologue européen.
En 1965, le Maroc ne comptait que huit usines pharmaceutiques, contre
trente-cinq aujourd'hui, dont la production répond aux normes de
qualité internationales. Ces usines ont un chiffre d'affaires annuel
combiné de cinq milliards de dirhams et sont évaluées à plus de deux
milliards de dirhams au total. Les investissements annuels totalisent
plus de trois cents millions de dirhams et le secteur emploie 37 000
personnes. En moyenne, huit à dix pour cent de la production sont
exportés vers des pays européens, arabes, asiatiques et africains.
Le président de l'AMIP, Omar Tazi, affirme que l'industrie
pharmaceutique marocaine permet au pays "de disposer des traitements
essentiels et d'assurer l'auto-suffisance du pays en termes de
médicaments, ce qui en fait un secteur industriel stratégique pour le
pays". L'entrée en vigueur de la couverture médicale obligatoire a
également eu un impact sur cette industrie, qui a enregistré une
augmentation de dix pour cent de ses ventes au cours du premier
trimestre de cette année.
Mais ce secteur a néanmoins perdu une partie de sa part de marché
intérieur. Les entreprises marocaines fournissaient entre 80 et 85 pour
cent de la demande intérieure il y a cinq ans, et elles ne satisfont
aujourd'hui plus de 70 pour cent de celle-ci. Les 30 pour cent restants
sont couverts par des importations à faible coût, essentiellement en
provenance d'Europe.
Cette perte de parts de marché ne semble toutefois pas inquiéter les
experts. M. Tazi affirme qu'il est acceptable d'importer plus, dans la
mesure où la demande de médicaments sophistiqués qui ne sont pas
produits localement a augmenté. Comme les consommateurs dans d'autres
pays, les Marocains cherchent de nouvelles thérapies. Ils ont besoin de
nouveaux médicaments, dont la plupart ne sont pas produits localement,
parce que les coûts de recherche et de développement sont très élevés.
Selon l'AMIP, une étude des classes thérapeutiques montre que dans leur
immense majorité, les médicaments sont destinés à aider le système
digestif et le métabolisme, traiter les infections et le système
nerveux central. Ce dernier représente près de la moitié du marché.
Les salariés du secteur ont formulé quelques revendications. Ils
espèrent que les autorités apporteront soutien et investissement pour
renforcer la compétitivité du secteur sur le plan mondial. Les
fabricants locaux sont obligés d'améliorer en permanence leurs
équipements et leurs conditions de travail. M. Tazi explique que bien
que l'industrie pharmaceutique n'ait eu que peu de problèmes pour
adhérer aux normes européennes, la situation concernant les normes
américaines est plus complexe et nécessitera une augmentation
significative des investissements.
Les pharmaciens ont appelé à des réformes du secteur. Mohamed Lghaouti
Laghdef, président du Conseil Régional de l'Ordre des Pharmaciens du
Nord, a indiqué que la profession devrait être revue, en mettant plus
l'accent sur la spécialisation dans le domaine pharmaceutique, comme le
font la plupart des pays développés. "Au Maroc, 77,5 pour cent des
pharmaciens travaillent dans des dispensaires. Le reste travaille dans
la biologie (250 pharmaciens) ou l'industrie (150 pharmaciens). Seuls
deux pour cent des pharmaciens travaillent pour l'Etat", précise-t-il.