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jeudi, 09 novembre 2006 14:29

Gestion des risques au Maroc, quel bilan?

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Qu'est-ce qui fait qu'à chaque catastrophe naturelle au Maroc, les autorités et les responsables, en général, se trouvent sévèrement critiqués de tous?Les exemples de catastrophes où les sinistrés pleurent leur triste sort et regrettant l'inefficacité de l'action des pouvoirs publics, ce n'est pas ce qui manque. L'on doit peut-être commencer par Agadir en 1961, mais là, on trouverait du moins l'argument du jeune pays, sans expérience, qui vient de sortir d'une dure époque de colonisation.

C'est relativement vrai. Depuis cette date jusqu'à fin octobre 2006 à Tinghir, le Maroc a certainement parcouru du chemin. Mais, en termes de gestion des catastrophes, reste à dire qu'il s'agit presque des mêmes réflexes. Cela donne matière à réflexion.
En fait, que ce soit à Ourika, Siti Fadma, Mohammédia ou El Hoceima, les choses ne semblent pas encore prendre le bon chemin. Ainsi, comment expliquer qu'un pays dont l'Etat connaît bien l'existence d'une faille sismique dans la région d'El Hoceima, et ne prenne pas pour autant les précautions nécessaires? Depuis 1961, les équipements font toujours défaut. L'on n'agit souvent pas dans l'urgence requise. Les interventions sont relativement tardives, les responsables centraux ne daignent même pas se déplacer de leurs fauteuils et les aides ne suffisent aux populations sinistrées que dans les premiers jours des sinistres, le temps d'une prise de vue de caméras. La réalité est que les gens restent traumatisés pendant des semaines si ce n'est des mois après le drame. Un détour du côté des victimes des inondations de Mohammédia et environs ou du côté de Tamassint dans la province d'El Hoceima en donnera la preuve.

Bref, le Maroc reste toujours vulnérable aux risques naturels, étant donné sa situation géographique. Les faits ont démontré qu'il reste exposé aux phénomènes climatiques, météorologiques, géologiques ou biologiques. La culture de gestion des catastrophes prémunit le pays contre les risques qu'il court, mais aussi contre les dommages qu'il ne peut supporter, étant donné son rang en tant que pays en développement. Aux écoles y a-t-il, à titre d'exemple, des séances consacrées à la transmission des démarches à suivre en cas de catastrophes ? Pas aussi sûr.Inondations, pluies torrentielles, tremblements de terre, incendies et même accidents de la circulation parfois, autant de phénomènes face auxquels on devrait disposer d'une stratégie globale. Les plans devraient également être établis préalablement et connus par tous les intervenants et chacun sait d'avance ce qui l'attend.
 Le plan ORSEC dont disposent toutes les provinces n'est jamais parfaitement suivi, pour manque de suivi et d'actualisation d'abord et pour manque de moyens ensuite.Le grand drame qui a dévoilé ces carences de gestion des catastrophes au Maroc est le séisme qui a frappé, le 24 février 2004, la ville d'El Hoceima. Un bilan définitif officiel avait fait état de la mort de pas moins de 628 personnes. Beaucoup de spécialistes marocains et étrangers disent qu'on pouvait éviter ce sort à au moins une centaine d'entre elles, si les conditions de traiter la catastrophe étaient meilleures.

Exemple concret : Lors du dernier séisme d'El Hoceima, un élément de la protection civile téléphonait à son supérieur, lui précisant que «sans matériel adéquat, les personnes qui sont encore en vie périront sous nos yeux ». Rien ne fut envoyé, tout le monde assistait à une mort lente de citoyens qu'on aurait pu sauver.Pourtant, le Maroc avait développé certaines actions dans ce contexte, notamment la présentation en 1994, au Japon, du rapport national sur les risques naturels, dans le cadre de la Décennie mondiale sur la Prévention des catastrophes naturelles. Du coup, la question du suivi se pose toujours avec acuité. En effet, le déficit est enregistré sur le plan juridique, où les textes, en plusde leur désharmonie, sont rarement adaptés aux situations nouvelles, que sur le plan institutionnel qui manque de coordination et de concertation. Si on laisse de côté cette histoire de manque de moyens, le premier problème qui prévaut reste celui de structures. Les interventions se font au pluriel. Les sites des sinistres ne disposent pas d'un commandement unifié.

On est encore dans un stade où les différents corps intervenants sont en concurrence sur des banalités de compétences et attributions, alors que les corps des petites gens se trouvent sous les décombres. La protection civile, la gendarmerie, les forces armées et les forces auxiliaires, autant de corps qui, chacun, vient pourvu de sa propre stratégie d'intervention, de ses propres scénarios de sauvetage et puis de ses propres matériels. Un comité de pilotage de la crise n'existe tout simplement pas effectivement. Chacun y va de ses propres visions, ce qui crée souvent des sensibilités entre corps sur le terrain d'intervention. Et même s'il y avait une stratégie, comment pourrait-on l'appliquer en l'absence d'une formation commune des différents corps intervenants en matière de gestion des catastrophes ? Hormis les plans dont disposent les aéroports en cas de risque, qui disposerait de pareilles stratégies?

Lu 14826 fois Dernière modification le lundi, 16 janvier 2012 03:03

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